La basque attitude de l’Athletic Bilbao
FOOT. Le club s’est maintenu en Liga avec une équipe composée uniquement de régionaux.
Par Jean-Damien LESAY
QUOTIDIEN : jeudi 21 juin 2007
Dimanche 17 juin, la dernière journée du championnat d’Espagne a offert aux amateurs de suspense un finale époustouflant avant de sacrer le Real Madrid pour la trentième fois. A l’autre bout du classement, la lutte pour le maintien fut tout aussi passionnante. D’autant qu’elle a concerné une équipe dont la descente aurait entraîné la fin d’une philosophie centenaire unique en Europe.
En finissant un point devant le premier relégable, l’Athletic Bilbao vivra, en 2007-2008, sa 77e saison consécutive dans l’élite. Le club de la plus importante ville du Pays Basque fait figure de grand d’Espagne. Son palmarès le place immédiatement derrière les monstres sacrés que sont le Real Madrid et le FC Barcelone. Mais ce dont ce club est le plus fier, c’est d’avoir obtenu de tels résultats en alignant, dès 1912, uniquement des joueurs nés ou formés au Pays Basque. Cette philosophie s’appuie sur la volonté constante du club d’être en lien avec son environnement social, y compris par-delà le clivage nationaliste qui traverse la société basque. C’est aussi une façon d’éviter certains travers du foot moderne : hypertrophie des montants de transfert, naturalisations de complaisance, faux passeports, etc.
Handicap. Mais, dans le très relevé championnat d’Espagne, ce choix pose d’inextricables problèmes sportifs. Au lendemain de la fin du championnat, l’entraîneur bilbaino José Manuel Esnal affirmait : « La politique du club nous met en infériorité manifeste par rapport à nos concurrents, c’est un très grand handicap. Les joueurs sont des victimes, ils doivent se soumettre aux désirs et aux rêves du club et des supporteurs.»
Dans un foot de plus en plus mondialisé, le désir de l’Athletic Bilbao d’exister avec ses propres armes, aussi limitées soient-elles, continue en effet d’être largement partagé par les socios - 34 000 petits actionnaires propriétaires du club - et par tout un peuple. Pour l’Athletic, qui n’a plus remporté le championnat d’Espagne depuis 1984, le simple fait de participer, avec un budget de 46 millions d’euros, à la même compétition que les richissimes Real Madrid (330 millions) et FC Barcelone (248 millions) tient désormais lieu de palmarès. Etre capable, saison après saison, de tenir tête aux armées de superstars venues du monde entier avec des p’tits gars du pays est à la fois une raison de vivre et une fierté. Donc une victoire. Pour un internaute du quotidien Deia qui rêve de recruter «deux Africains qui courent comme des lièvres», cent autres ne jurent que par la cantera, le vivier local que le club a mis sur pied pour assurer la relève.
A travers tout le Pays Basque, y compris côté français, près de cinq cents clubs sont en liaison avec l’Athletic et lui donnent leurs meilleurs éléments, qui s’aguerrissent au centre de formation ou dans les filiales des divisions inférieures. Andoni Zubizarreta, ancien joueur, longtemps gardien de l’équipe nationale espagnole, ex-directeur sportif et figure morale du club, résume : «Rien ne garantit qu’un changement de cap nous donnera de meilleurs résultats. Il y a encore quelques années, nous finissions dans les cinq premiers avec un groupe presque identique à celui de cette saison.»
Sirènes. Ce changement de cap, qu’aucun des actuels candidats à la présidence du club n’évoque, le voisin basque de la Real Sociedad, de San Sebastián, l’a opéré en 1989. Avec des moyens financiers limités, ses recrutements d’étrangers se sont inévitablement portés vers des seconds couteaux. Dimanche 17 juin, après quarante ans en première division, la Real Sociedad a pris l’ascenseur pour la deuxième division. Du côté de Bilbao, cette contre-performance a été un vrai réconfort. Si la Real Sociedad est descendue avec une équipe composée à 50 % de joueurs non basques, pourquoi céder aux sirènes du changement ? L’autre bonne nouvelle pour l’Athletic, c’est que la descente du rival régional va augmenter les possibilités de recruter des joueurs basques de haut niveau. Dans l’avion qui les emmenait à Caracas pour y disputer, mercredi, le premier match de la sélection basque à l’extérieur depuis 1938, les joueurs de Bilbao et de San Sebastián se sont promis de parler philosophie.
L'évolution du football (mutations, changements, valeurs...)
Modérateur : Modérateurs
L'évolution du football (mutations, changements, valeurs...)
Je remets l'article en entier puisqu'il ne sera plus en ligne bien longtemps...
“Il n’y a ni justice ni liberté possibles lorsque l’argent est toujours roi.”
[Albert Camus]
[Albert Camus]
- Redevil
- positive generation
- Messages : 18041
- Enregistré le : samedi 18 mars 2006, 12h36
- Localisation : Lille s/ Deule
- Contact :
Je me pose une question, et je la pose ici, je pense que c'est là qu'elle a le plus sa place. Pourquoi les asiatiques et les américains sont démesurément passionnés par les grandes équipes européennes ? Le jeu y est meilleur que chez eux, on peut le supposer, mais pourquoi supporter un club dont les matchs passent à 8h du mat' (personnellement, c'est rédhibitoire... ), dont on ne verra jamais le moindre match officiel, dont aucun joueur n'est issu du cru, dont on détiendra des infos forcément plus difficilement, etc. C'est tout de même pas l'évidence quand t'es coréen de supporter Manchester ! Et je ne parle pas de Reading ou Lyon !
Avant, je trouvais ça folklorique cette attitude, mais maintenant que Wigan ou Porthmousse ont touché une part des 1,5 milliards de droit télé, c'est tout de suite moins rigolo...
Avant, je trouvais ça folklorique cette attitude, mais maintenant que Wigan ou Porthmousse ont touché une part des 1,5 milliards de droit télé, c'est tout de suite moins rigolo...
Pain is temporary. Pride is forever.
Euh je pense pouvoir dire que les americains ne sont toujours pas passiones par le soccer. Cependant il s'y interessent de plus en plus.
Quand au pourquoi de l'interet de la premiere ligue dans ces regions eloignees ?
J'avancerais deux hypotheses: la premiere : le spectacle. Le foot anglais se rapproche plus des sports US que du reste du foot americain. A defaut de reel qualite, il se passe toujours quelque chose (beaucoup de but, non ).
La deuxieme, peut etre encore plus tiree par les cheveux : la langue et l'heritage "colonial". Ben oui, c'est anglais, ces regions ont jusqu'a recemment ete sous controle britannique il y a peu encore.
Et le succes entrainant le succes, je pense que cette spirale ne fera que s'amplifier. Il y a de tres forte chance qu'en dehors de l'europe, le soccer ne soit plus synonyme que de premiere ligue.
Quand au pourquoi de l'interet de la premiere ligue dans ces regions eloignees ?
J'avancerais deux hypotheses: la premiere : le spectacle. Le foot anglais se rapproche plus des sports US que du reste du foot americain. A defaut de reel qualite, il se passe toujours quelque chose (beaucoup de but, non ).
La deuxieme, peut etre encore plus tiree par les cheveux : la langue et l'heritage "colonial". Ben oui, c'est anglais, ces regions ont jusqu'a recemment ete sous controle britannique il y a peu encore.
Et le succes entrainant le succes, je pense que cette spirale ne fera que s'amplifier. Il y a de tres forte chance qu'en dehors de l'europe, le soccer ne soit plus synonyme que de premiere ligue.
-You French fight for money, while we British fight for honour.
-A man fights for what he lacks the most!
-A man fights for what he lacks the most!
- vickyperetz
- Messages : 10330
- Enregistré le : samedi 18 mars 2006, 20h08
-
- latecomer
- Messages : 4801
- Enregistré le : lundi 20 mars 2006, 12h12
- Localisation : chépa chui perdu
FFI = Forces Forumiques Indépendantes
http://keraulnay2.labrute.fr
http://keraulnay2.labrute.fr